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Retraite

Racheter des trimestres retraite : comment procéder en plusieurs fois ?

En France, le rachat de trimestres de retraite s’effectue rarement en une seule fois. La réglementation autorise un paiement échelonné, sous conditions strictes, mais impose des démarches spécifiques et des délais à respecter.

Le coût varie selon le nombre de trimestres, l’âge et le revenu, avec des incidences directes sur la future pension et la fiscalité. Certaines périodes de la carrière ouvrent droit à un tarif préférentiel ou à des modalités de paiement particulières. Les erreurs ou omissions dans la procédure entraînent des conséquences irréversibles sur le montant des droits à la retraite.

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Pourquoi envisager le rachat de trimestres pour sa retraite ?

Le rachat de trimestres retraite, également appelé versement pour la retraite (VPLR), représente une carte à jouer pour rééquilibrer son dossier face aux exigences du régime général. L’objectif est clair : éviter la décote au moment du départ. Ce dispositif s’adresse à celles et ceux qui, au fil d’un parcours sinueux ou d’études prolongées, n’atteignent pas la durée d’assurance requise pour décrocher le taux plein. Quelques trimestres manquants, et la sanction tombe : report du départ ou pension rabotée.

En pratique, il est possible d’acquérir jusqu’à 12 trimestres, pour rattraper des années d’études supérieures ou des périodes d’activité incomplète. Le calcul s’appuie sur le taux de liquidation et le nombre de trimestres déjà validés. À noter : le rachat de trimestres efface la décote, mais ne donne jamais accès à la surcote. Autrement dit, aucune récompense pour ceux qui dépassent la durée exigée, ce mécanisme sert uniquement à remettre les compteurs à zéro, pas à aller plus loin.

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Différentes stratégies motivent ce choix :

  • partir plus tôt à la retraite ;
  • préserver le niveau de la pension en évitant la décote ;
  • anticiper l’effet de la réforme des retraites 2023 sur sa trajectoire financière.

Avant de se lancer, il faut mettre en balance le coût, son parcours et ses ambitions. Ce n’est jamais une décision anodine. Elle engage sur la durée, mais offre une marge de manœuvre que le dispositif classique ne prévoit pas. Pensé pour rattraper les aléas de carrière, les études prolongées ou les années sans validation, le rachat constitue une soupape du système français.

Qui peut racheter des trimestres et sous quelles conditions ?

Le rachat de trimestres s’adresse à une vaste gamme d’assurés : salariés du privé, agents publics, indépendants relevant de la MSA ou de la Cipav, professions libérales, exploitants agricoles. Seule condition indispensable : ne pas avoir encore liquidé sa retraite auprès de sa caisse principale. L’accès démarre à 20 ans (ou 60 ans pour les fonctionnaires) et s’éteint à 67 ans.

Les motifs acceptés sont précisément définis. Deux situations ouvrent droit au rachat :

  • Années d’études supérieures : il faut justifier d’un diplôme, d’une admission en grande école, en classe préparatoire ou post-bac. Les années rachetables doivent avoir été suivies en France, dans l’EEE, en Suisse ou dans un pays signataire d’une convention bilatérale.
  • Années incomplètes : période où moins de 4 trimestres ont été validés, souvent au début ou à la fin de la carrière, ou lors d’activités réduites.

Le maximum autorisé est fixé à 12 trimestres, toutes situations confondues. À noter, les stages en entreprise entrent dans le périmètre sous certaines conditions : le stage doit être obligatoire dans un cursus d’études supérieures, commencé après le 15 mars 2015, durer plus de deux mois, être gratifié, et s’appuyer sur une convention tripartite. Dans ce cadre, jusqu’à 2 trimestres peuvent être rachetés.

Certains bénéficiaires, comme les enfants de harkis, moghaznis ou membres des forces supplétives, profitent d’un tarif réduit, sous réserve de justificatifs. Les indépendants affiliés à la SSI (option rachat Madelin) échappent au plafond : ils peuvent racheter autant de trimestres que nécessaire.

Il est également important de savoir que ce rachat ne donne pas accès à la retraite anticipée (sauf exception pour les apprentis entre 1972 et 2013) et doit s’effectuer auprès de la première caisse cotisée après les études.

Le paiement en plusieurs fois : fonctionnement, démarches et exemples concrets

Bonne nouvelle : le rachat de trimestres retraite peut s’acquitter par étapes. Dès que la demande porte sur au moins 2 trimestres, l’Assurance retraite permet un paiement échelonné. L’étalement s’adapte au volume racheté : pour 2 à 8 trimestres, le règlement s’étale sur 1 à 3 ans ; entre 9 et 12 trimestres, la durée grimpe jusqu’à 5 ans maximum. Attention, cette facilité a un coût : une majoration annuelle s’applique (2,5 % en 2024, 1,8 % en 2025). Plus on allonge le paiement, plus la facture grimpe.

Le montant à payer dépend de trois facteurs : votre âge le jour de la demande, vos revenus moyens des trois dernières années et l’option retenue (taux seul, ou taux + durée d’assurance). Les tarifs, fixés par décret, s’indexent sur le plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS). Avant de s’engager, les simulateurs en ligne de l’Assurance retraite permettent de mesurer précisément l’impact sur le budget.

La procédure débute par une demande, en ligne ou directement auprès de la caisse. Après réception du devis, il reste possible de changer d’avis tant que le paiement n’a pas commencé. Dès la validation du plan échelonné, les prélèvements se font automatiquement. À noter : le rachat de points Agirc-Arrco (pour la retraite complémentaire) doit être réglé comptant, pour un maximum de 140 points par an sur trois ans, et seulement après avoir racheté les trimestres en régime de base.

Voici un cas concret : une salariée de 45 ans, avec un revenu annuel de 38 000 euros sur les trois dernières années, souhaite racheter 4 trimestres (taux et durée). Sur trois ans, l’opération lui coûtera environ 8 000 euros, majoration incluse.

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Impacts sur la pension et la fiscalité : ce qu’il faut anticiper

Le rachat de trimestres retraite change la donne pour le calcul de la pension. Deux options s’offrent à vous : le rachat au titre du taux seul augmente uniquement le taux de liquidation, sans modifier la durée d’assurance. Résultat : la décote disparaît, mais le montant de la pension reste limité par le nombre de trimestres validés. L’autre possibilité, le rachat au titre du taux et de la durée d’assurance, améliore à la fois le taux et le nombre de trimestres, ce qui permet de rehausser la pension dès que le seuil requis est atteint.

La réforme des retraites de 2023 a ouvert une porte inédite : le remboursement, sous conditions, des rachats devenus inutiles. Cette option s’adresse à ceux nés après le 1er septembre 1961, ayant racheté avant le 14 avril 2023, et qui déposent leur demande avant avril 2025. Un filet de sécurité pour ceux pénalisés par le recul de l’âge légal de départ.

Sur le plan fiscal, les sommes versées pour le rachat sont déductibles du revenu imposable. Un avantage réel pour ceux soumis à l’impôt sur le revenu. Cette déduction concerne uniquement l’année du paiement, que le règlement soit comptant ou fractionné.

Le rachat de trimestres ne permet pas d’obtenir une surcote et n’entre pas en ligne de compte pour la retraite anticipée, sauf exception pour les apprentis entre 1972 et 2013. Chaque option mérite donc une réflexion adaptée à votre parcours professionnel et à votre stratégie patrimoniale.

Racheter ses trimestres, c’est choisir de reprendre la main sur son calendrier de départ. Pour certains, c’est une façon de solder le passé et de tracer une ligne claire vers un projet de retraite plus serein. Pour d’autres, c’est la garantie d’une transition sans accroc, sans mauvaise surprise sur le montant de la pension. À chacun d’envisager, chiffres à l’appui, la trajectoire qui lui ressemble.

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